Que reste-il du divan ? Cadre, limites et créativité

 

18 novembre 2023 – Centre Sèvres – 35 bis rue de Sèvres – Paris 6

 

Si l’on se réfère à la définition courante du dictionnaire, le cadre a deux fonctions principales : mettre en valeur et délimiter. En ce qui concerne le travail analytique, le cadre délimite le processus thérapeutique. Il en regroupe les éléments stables : le lieu, les horaires, les honoraires, le dispositif (fauteuil, divan). On pourrait ajouter : individuel, groupe. Ce cadre externe interagit avec le cadre interne de l’analyste ; la solidité de celui-ci permet de jouer avec une certaine élasticité sur le cadre externe dont il est le garant.

Pourtant, très tôt, quelques-uns parmi les successeurs de Freud ont questionné et appliqué différemment le cadre dans leur clinique. Sándor Ferenczi en particulier, s’est aperçu très tôt qu’un dispositif qui se focaliserait uniquement sur la règle de l’abstinence, sur ce que l’analyste ne doit pas faire, ne convient pas à tous. Il énonce l’importance du « tact » (Einfühlung en allemand ou capacité de ‘sentir avec’) dans l’approche du patient. Pour certains de nos patients, la rigidité du cadre reproduit en effet le trauma à l’origine des troubles, étouffe, stérilise le processus thérapeutique. Il s’agit alors d’identifier ce que serait un « cadre bien tempéré » pour paraphraser le titre d’un ouvrage de Jean-Luc Donnet, un cadre qui ne serait ni trop chaud, ni trop froid. Un cadre malléable qui autoriserait le déploiement du processus, un cadre « élastique » qui rendrait possible de « céder aux tendances du patient comme une courroie élastique », comme le préconisait Ferenczi et permettrait ainsi une certaine créativité.

Partant de ce même constat et sans abandonner pour autant l’écoute freudienne « également attentive » aux actes manqués de la vie quotidienne, aux rêves et aux associations d’idées, la psychanalyse intégrative postule l’adaptabilité du cadre selon la problématique du patient, sa régression, le moment de la cure et la nature du transfert. Elle peut en particulier s’affranchir temporairement de l’interdit du toucher. Toutefois l’adaptabilité a ses limites propres…

Dans le contexte de ce colloque, nous interrogerons donc cette élasticité du cadre, ses apports mais aussi ses risques.

Au-delà, toujours sensibles à l’apport des disciplines connexes en sciences humaines, telles la philosophie et la sociologie notamment clinique, nous nous demanderons en quoi le cadre interne au patient et à l’analyste et le cadre externe peuvent être également dépendants des structures sociales intériorisées et de leur évolution.

Les actes du colloque