La Psychanalyse Intégrative

La Psychanalyse a défini les grands fondamentaux du fonctionnement psychique en mettant l’accent sur l’importance des processus inconscients. Elle a privilégié le niveau du langage et des représentations. De nombreux courants se sont depuis développés, notamment les nouvelles psychothérapies plus émotionnelles et corporelles, qui prennent plus en compte les liens corps/psyché et privilégient les stades de développement plus archaïques.
Chaque courant éclaire un aspect de ce qui compose la réalité d’un sujet. L’orientation intégrative évite toute tendance hégémonique d’une théorie par rapport aux autres. Elle invite à ne pas se limiter à « une pensée unique » mais à être dans une logique de l’ouverture et ce, avec 4 objectifs :

Intégrer la complexité de l’être humain décrite par Max Pagès qui définit différents systèmes composant l’être humain : système corporel, système émotionnel, système langagier et système socio-familial. 

Suite

Ces systèmes, s’étayent entre eux à chaque stade du développement du psychisme.  Un changement dans un système entraîne un changement dans tous les systèmes. Au cours de la trajectoire thérapeutique, thérapeute et patient travaillent sur les interactions des systèmes internes à chacun et celles qu’ils établissent par leur relation entre les différents systèmes de l’un à l’autre.

Articuler des méthodes nées à des époques différentes et ouvrir le cadre thérapeutique pour profiter du meilleur de chaque courant au regard de la singularité de chaque problématique.

Etre en mouvement pour faire évoluer la théorie et la clinique avec l’évolution des pathologies. La société d’hier avec ses interdits avait favorisé certaines pathologies comme l’hystérie. La société d’aujourd’hui, avec la montée de l’individualisme et la perte de cadre et de repères favorise des pathologies dites borderline ou limites.

Profiter des avancées de tous les champs de recherche : psychanalyse, psychologie, sociologie, biologie, neurosciences… avec toujours le même enjeu : celui de l’articulation des uns par rapport aux autres.

La Psychanalyse Intégrative® se fonde ainsi sur une épistémologie de la complexité, à l’articulation des psychanalyses et des psychothérapies relationnelles et existentielles. Elle adopte le modèle du psychisme élaboré par S. Freud et enrichi par ses successeurs ainsi que les apports de W. Reich

Elle instaure un dialogue et un rapprochement entre les différentes démarches, et privilégie les articulations théoriques et les stratégies thérapeutiques multiples.

Les principes de la
Psychanalyse Intégrative

Reconnaissance de l’inconscient
Relation thérapeutique dans le transfert,
Modification de la technique et du cadre selon la problématique du patient, sa régression et le moment de la cure.

La Psychanalyse Intégrative® répond à la nécessité de tenir compte de l’évolution des troublesen relation avec les transformations des diverses sociétés contemporaines où les personnalités limites sont en constante augmentation.
Pour aider une personne, un groupe, une organisation en souffrance, les professionnels, conscients de ces évolutions doivent combiner, à la fois, des outils de compréhension pour décoder la part des facteurs affectifs, des réalités sociologiques, physiologiques dans la construction et reconstruction des sujets et articuler des dispositifs thérapeutiques appropriés.

Historique

EXTRAIT DU DISCOURS DE L’ASSEMBLÉE DE FONDATION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHANALYSE INTEGRATIVE
DU 29 avril 2011
Jean-Michel FOURCADE

 

 

Quelle est la raison de créer une nouvelle Société de Psychanalyse ?

Une Société est une institution, un fait social, la production d’un groupe : « Nous » au lieu de « Je ».
Ce projet est né du travail depuis de nombreuses années de ceux qui ont contribué à la création de la psychothérapie intégrative, en particulier par leurs écrits : Max PAGES, pionnier et fondateur, Edmond MARC, Alain DELOURME, Suzanne ROBERT-OUVRAY, Vincent LENHARDT, François PAUL-CAVALLIER, mais aussi avec eux, ceux qui ont contribué à la construction de la formation des psychothérapeutes à la FLDP puis à la NFL : Olivier DEVILLARD, Patrick MICHAUD, Lucienne SPINDLER, Berta VEGA, Annie AZEMA, Jean-Claude BIDAULT, Dominique FOUGERE, Dominique BOYER, Anasthasia BLANCHE, Hervé COCHET, Claude-Marie DUPIN, Catherine HILDENBRAND, Anne LEFEVRE, Patrick LAURIN, Michael RANDOLPH, Jacques REVAH, Catherine RIOULT, Doured SALEH, Martine SANDOR-BUTHAUD, Manuel GARCIA BARROSO, Vincent de GAULEJAC, Jean-Pierre KLEIN, Jean-Benjamin STORA.

C’est aussi le travail de notre génération : nous sommes la génération qui a redécouvert le « Sujet ».
La France des années 60 était intellectuellement dominée dans les Sciences Humaines par la pensée psychanalytique avec la relecture structuraliste que Lacan faisait de Freud et par la psychosociologie -dont Jacqueline BARUS MICHEL est ici une éminente représentante – qui opérait un dégagement de la sociologie scientifique durkheimienne ou marxiste.
La redécouverte du Sujet s’est faite d’abord dans un mouvement philosophique et sociopolitique né aux USA : la « psychologie humaniste », et dans certains aspects libertaires des années post-68 liés à la psychologie existentielle. 

Dans un premier temps, les « Nouvelles thérapies » ont mis en avant leurs différences et leur rejet du tout-psychanalytique et du scientisme de le psychiatrie classique, c’est-à-dire des théories qui isolaient les « niveau-d’être », ignoraient les interconnexions complexes tant dans les théories que dans les pratiques, affirmaient chacune détenir LA vérité ultime de la compréhension de l’Humain : le « psychanalisme », le marxisme, le « sociologisme » etc.

L’épistémologie de la Complexité a réintroduit les théories psychanalytiques dans la multiréférentialité à l’oeuvre.
L’expérience de ces trente dernières années m’a confirmé qu’il y a un écart considérable entre ceux qui ont « rencontré » l’Inconscient et les autres.
Même si l’épistémologiste en moi dit que toutes les théories sont respectables – je me suis régulièrement opposé aux tentatives plus ou moins conscientes de position dominante de telle ou telle dans la vie du SNPPsy, la reconnaissance de l’Inconscient crée une différence fondamentale dans la compréhension du fonctionnement humain dans la théorie et dans la pratique des rapports avec le somatique et le psychique.

Dans la construction progressive de la formation des psychothérapeutes au CDPH, puis à la FLDP, puis à la NFL, faite avec les psychothérapeutes intégratifs, se sont dégagés trois affirmations fondamentales :
– existence de l’inconscient 
– relation thérapeutique dans le transfert 
– modification de la technique selon la problématique du patient et le moment de la cure.

Ces affirmations ne signifient pas pour autant un retour au « psychanalisme » freudien ou lacanien trop fermés à la Complexité – ce qui conduit à ce que François COUDRET appelle joliment, dans sa critique de mon livre « Les patients limites » : « les angles morts de la psychanalyse ». Ouvrir des groupes de travail sur le corps, comme le font certaines sociétés de psychanalyse, ne suffit pas pour avoir une théorie et une clinique de la Complexité Pour cette raison nous nous situons dans la branche reichienne de la psychanalyse, celle de l’Analyse Caractérielle.

Nous devons aussi souligner l’importance de l’articulation avec la sociologie clinique qui nourrit notre réflexion théorique sur les rapports entre Sujet individuel et Sujet social, nous rapprochant sans aucun doute de la pensée Culturaliste représentée en psychanalyse par Karen Horney ou Erik Fromm et des historiens de l’Histoire des mentalités comme Denis de Rougemont ou Philippe Ariès.

Paul Valéry répétait : « Il n’est d’oeuvre que de circonstance ». Vous connaissez les évènements de l’Histoire récente. Nous avons créé la profession de psychothérapeute entre les années 70 et aujourd’hui. Nous avons assisté à une lutte corporatiste dominée par les combats idéologiques et économiques de la deuxième moitié du XXe siècle : le triomphe temporaire du scientisme et de la gestion financière des choix scientifiques.

Cela a abouti à une loi, un décret et des arrêtés créant le titre légal professionnel de Psychothérapeute dont les conditions d’obtention marquent la reprise en main de la psychothérapie par la médecine. Et le retrait du titre professionnel de Psychothérapeute pour ceux qui en avaient créé la légitimité théorique et pratique. Les épreuves permettent de s’affermir et de s’affirmer. Une étape importante a été le dégagement du concept de Psychothérapie relationnelle. L’étape d’aujourd’hui nous situe dans ce champ mais en reconnaissant le rôle déterminant de l’existence de l’Inconscient et ses conséquences dans la pratique psychothérapeutique.

Je remercie nos collègues et amis Manuel BARROSO, Vincent LENHARDT, Berta VEGA, Anna MARME, Christian LE MOAL pour leur présence ainsi que les nombreux anciens étudiants de la FLDP et de la NFL présents ce soir ou nous ayant écrit leur soutien.