COLLOQUE 2023

Argument

Si l’on se réfère à la définition courante du dictionnaire, le cadre a deux fonctions principales : mettre en valeur et délimiter. En ce qui concerne le travail analytique, le cadre délimite le processus thérapeutique. Il en regroupe les éléments stables : le lieu, les horaires, les honoraires, le dispositif (fauteuil, divan). On pourrait ajouter : individuel, groupe. Ce cadre externe interagit avec le cadre interne de l’analyste ; la solidité de celui-ci permet de jouer avec une certaine élasticité sur le cadre externe dont il est le garant.

Pourtant, très tôt, quelques-uns parmi les successeurs de Freud ont questionné et appliqué différemment le cadre dans leur clinique. Sándor Ferenczi en particulier, s’est aperçu très tôt qu’un dispositif qui se focaliserait uniquement sur la règle de l’abstinence, sur ce que l’analyste ne doit pas faire, ne convient pas à tous. Il énonce l’importance du « tact » (Einfühlung en allemand ou capacité de ‘sentir avec’) dans l’approche du patient. Pour certains de nos patients, la rigidité du cadre reproduit en effet le trauma à l’origine des troubles, étouffe, stérilise le processus thérapeutique. Il s’agit alors d’identifier ce que serait un « cadre bien tempéré » pour paraphraser le titre d’un ouvrage de Jean-Luc Donnet, un cadre qui ne serait ni trop chaud, ni trop froid. Un cadre malléable qui autoriserait le déploiement du processus, un cadre « élastique » qui rendrait possible de « céder aux tendances du patient comme une courroie élastique », comme le préconisait Ferenczi et permettrait ainsi une certaine créativité.

Partant de ce même constat et sans abandonner pour autant l’écoute freudienne « également attentive » aux actes manqués de la vie quotidienne, aux rêves et aux associations d’idées, la psychanalyse intégrative postule l’adaptabilité du cadre selon la problématique du patient, sa régression, le moment de la cure et la nature du transfert. Elle peut en particulier s’affranchir temporairement de l’interdit du toucher. Toutefois l’adaptabilité a ses limites propres…

Dans le contexte de ce colloque, nous interrogerons donc cette élasticité du cadre, ses apports mais aussi ses risques.

Au-delà, toujours sensibles à l’apport des disciplines connexes en sciences humaines, telles la philosophie et la sociologie notamment clinique, nous nous demanderons en quoi le cadre interne au patient et à l’analyste et le cadre externe peuvent être également dépendants des structures sociales intériorisées et de leur évolution.

COLLOQUE 2021

COLLOQUE 2021

Argument

La question de la sexualité constitue l’alpha et l’oméga de la pensée de Freud. Freud a découvert très tôt que la libido était au cœur de toute vie psychique. De ce fait, on lui adresse de nombreux reproches aujourd’hui, notamment l’hypersexualisation. Certes, Freud dit bien que la sexualité infantile est à l’origine de la formation de l’inconscient ; selon lui, l’enfant étant incapable de symboliser et de métaboliser les messages qui lui parviennent de l’univers sexuel adulte refoule ses pulsions. Ces forces refoulées sont confrontées aux tabous et aux interdits et génèrent des névroses. Plus récemment, l’École anglaise et Lacan en France se sont approprié ces bases de la pensée freudienne pour requestionner le sexuel.

La vision de Freud et de certains de ces successeurs reste néanmoins marquée par une époque : celle de la société du XIX siècle et de la première moitié du XXème siècle. Or, l’évolution sociale – notamment via l’assouplissement des interdits et des tabous mais aussi la mise en avant du diktat de l’épanouissement personnel – a entraîné nombre de mutations psychiques et une évolution notable dans les pathologies.

Aujourd’hui, nous psychanalystes intégratifs du XXIème siècle – sommes confrontés dans notre pratique à une augmentation des états-limites. Pour cette catégorie de patients, la frustration et les interdits sont difficiles à supporter. De ce fait, ils privilégient l’agir voire le passage à l’acte. Le pulsionnel n’est ni pensé, ni élaboré mais agi, la décharge pulsionnelle signe un retour massif du refoulé. Pour les états-limites, il est plus facile de faire que de dire.

En parallèle – dans notre société hypermoderne – l’hyperchoix, l’hyperconnectivité, la poussée de l’individualisme, le déclin des religions et des idéologies – ont des conséquences importantes sur la relation à la sexualité et bouleversent la conception de l’amour, du désir et de l’intimité : accès précoce à la pornographie, addictions au sexe, relations construites sur un modèle économique néolibéral, revendications de liberté, polyamour, affirmation du genre et besoin d’être aimé traversent notre société hypermoderne, et interrogent les relations narcissiques et objectales.

colloque 2018
Argument
La montée de l’individualisme et le développement des relations virtuelles sont deux des caractéristiques de notre société contemporaine. En dépit de la multiplication des interactions, en particulier à travers les réseaux sociaux, les individus se sentent de plus en plus isolés. Nous le constatons dans nos cabinets de thérapie où se fait entendre l’incapacité d’être seul.

Le concept de lien se décline à différents niveaux : familial, professionnel, économique, sociétal, spirituel. Il désigne ce qui relie le sujet à l’autre ou met en lumière la rencontre qui ne peut se faire ; il peut être un facteur de rapprochement ou au contraire de rejet et de haine.

Au-delà des mécanismes de liaison et de déliaison que conceptualise Sigmund Freud, s’est progressivement développé le concept de lien. La réflexion psychanalytique s’est appropriée ce terme emprunté à d’autres disciplines. Sandor Ferenczi et les fondateurs de l’école anglaise de psychanalyse (Klein, Winnicott, Bion, Bowlby) ont développé le concept de relation d’objet et la théorie de l’attachement.

Comment comprenons-nous et accompagnons-nous le sujet aux prises avec les troubles de l’attachement et du lien ? Quelles modifications sur notre implication dans la relation thérapeutique ? Comment la société hypermoderne (hypercapitalisme mondialisé, management et organisation du travail) renforce-t-elle ou contient-elle les perturbations liées aux interactions précoces ? Comment les neurosciences affectives nous éclairent-elles sur les chemins thérapeutiques possibles ?

Au cours de cette journée, fidèle à sa philosophie, la SFPI se propose d’inviter des praticiens des sciences humaines de sensibilité différente pour élargir la réflexion sur la question du lien dans notre pratique, ses référents théoriques  et ses dispositifs spécifiques tant en approche individuelle, groupale que sociale.

colloque 2016
Argument

Le corps est omniprésent dans notre société : corps exposé, maîtrisé, réparé, appareillé. Il est également traité comme « objet » à gérer et entretenir. Il est aussi l’objet de toutes les attentions et surexpositions tout en étant de moins en moins compris et abordé dans son unité (médecine, psychologie…). Dans le même temps, de plus en plus de nos contemporains sont traversés par un sentiment de dépossession de leur corps – ils n’habitent pas leur corps – rien ne peut s’y inscrire comme sensations constitutives d’une histoire individuelle. L’identité s’en trouve à la fois fragmentée et fragilisée. Ce manque d’ancrage corporel et affectif tend également à favoriser la fuite dans un monde d’images et de représentations virtuelles, la capacité d’être en relation s’en trouvant alors affaiblie.

Notre colloque s’attachera à la fois à penser la place du corps du Sujet dans le système de représentation de la Psychanalyse Intégrative® et à élaborer la place singulière donnée au corps dans la clinique du Sujet. Il s’agira également de réfléchir à quel(s) corps s’adresse l’analyste : corps réel, corps fonctionnel, corps sexué, corps relationnel, corps symbolique, corps fantasmé, corps érogène, corps sémiotique ?
Pour nous éclairer et alimenter nos échanges et dans la continuité de nos précédentes rencontres, ce colloque 2016 favorisera le croisement de témoignages issus de la réflexion et de la clinique dans différents champs de la Psychanalyse, Psychothérapie, Philosophie, Histoire ou Sociologie.
Différentes questions seront mises en débat au cours d’ateliers, parmi lesquelles : corps et régression, corps de l’analyste et corps du patient, corps et langage, corps et groupe…

ACTES DU COLLOQUE A TELECHARGER
colloque 2014
Argument
Sommes-nous dans une société de l’excès ? Sans hésitation, la réponse est oui. C’est même une des caractéristiques de notre société qui pousse à « l’hyper », au « trop » au « tout ». Si nos sociétés sont potentiellement addictives, tout le monde ne devient pas pour autant alcoolique, toxicomane, acheteur compulsif ou accro au sexe, au travail ou aux jeux vidéo.

Des toxicomanies à l’alcoolisme en passant par les addictions sans substance, existe-t-il des points communs entre ces addictions ? Et si oui quels sont-ils ? De quoi est-on dépendant ? Est-on plus vulnérable à certains moments de la vie ? A partir de quand peut-on parler d’addiction ? Quelles frontières entre normal et pathologique, lorsque nous parlons de dépendances ?
De l’usage à la dépendance, des mécanismes particuliers sont à l’œuvre, liés à la fois aux contextes sociaux, culturels, économiques, psychologiques, biologiques…

En tant que cliniciens, parler d’addiction c’est s’intéresser : au sujet, à son désir et à son histoire ; à la dépendance comme processus constitutif de la subjectivité ; la dépendance comme mécanisme ainsi qu’ aux différents éléments qui permettent de définir le lien comme addictif

J.McDougall, qui a contribué à promouvoir en France le concept d’addiction sous sa forme psychopathologique, avance que dans les conduites addictives, « il y aurait une défaillance de l’étayage maternel ne permettant pas à l’enfant d’élaborer les processus de séparation. L’objet maternel interne serait vécu comme absent ou incapable de consoler l’enfant perturbé ».
Notre clinique nous amène fréquemment à constater des liens étroits entre addictions, troubles de l’attachement, troubles du narcissisme, de l’identité et des limites du moi.
Nous allons nous intéresser tout au long de ce colloque aux phénomènes cliniques, sociologiques et biologiques qui sous-tendent les conduites addictives.

En interrogeant notre clinique, nous tenterons de progresser à la fois sur :
– La compréhension des défaillances dans la construction du moi  qui sont au cœur des différentes addictions évoquées.
– L’articulation des différents modes de compréhension des addictions ; différentes approches scientifiques et objectives, sociologique et clinique.
– Les dispositifs thérapeutiques les plus appropriés à chacun des patients qui se présentent à nous comme « souffrant d’addictions ».

ACTES DU COLLOQUE A TELECHARGER
colloque 2013
Argument

Nous assistons aujourd’hui à un bouleversement de notre société sur tous les plans : économique (mondialisation), technologique (internet qui vient révolutionner tous les modes d’information, de communication et de lien social), sociologique : montée des individualismes, affaiblissement des structures (étatiques, religieuses..), évolution des places de l’homme et de la femme, du couple, de la famille… les mutations sont partout.

De nombreux référents symboliques qui fondaient les cadres sociaux se brouillent, la norme n’est plus que changement permanent, la réactivité se doit d’être instantanée… une modernité de l’excès a pris le pou-voir. L’individu qui se voulait en marche vers plus de liberté se retrouve en mal de repères et de limites.

Dans un tel contexte, qui est « je » aujourd’hui ? Comment l’individu se construit-il dans ce contexte ? Qu’en est il de la séparation, de l’individuation, du narcissisme, de la dépression ?… Quelles sont les nouvelles fragilités du sujet ? Les personnalités li-mites dont-on parle de plus en plus sont elles la pathologie du 21ème siècle ou doit-on parler d’ores et déjà de « personnalités limites normales » ? Ces nouvelles problématiques impliquent des changements de paradigmes qui entrainent des conséquences sur la clinique et la nécessité de développer et d’articuler des dispositifs thérapeutiques appropriés. A l’occasion de cette journée les intervenants, chacun dans sa discipline et ouverts aux champs de leurs collègues vont explorer ces nouvelles souffrances et s’interroger en quoi la Psychanalyse Intégrative répond à la nécessité de tenir compte de l’évolution des pathologies en relation avec les transformations diverses des sociétés contemporaines.

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