Psychiatre honoraire des Hôpitaux, docteur habilité à diriger des recherches en psychologie, directeur de l’INECAT

Avec Jean-Michel, on se trouvait d’emblée en intelligence et ce terme renvoie tant à sa finesse clinique et conceptuelle qu’à son intelligence de cœur.

Son érudition concernait non seulement tout le champ du psychisme humain, toutes les approches thérapeutiques qu’il réunissait sous le terme d’humanisme comme il a auguré un colloque qui nous a tous marqués  par son ouverture loin des chapelles qui se disputaient le terrain de la thérapie.

On voyait que ses expériences en Californie, son intérêt pour la philosophie et le changement social étendaient le champ restreint français d’alors. C’était comme une fenêtre ouverte qui nous permettait de respirer enfin. Ses références étaient du côté d’Edgar Morin et de Max Pagès et l’épistémologie de la complexité. Elles englobaient l’analyse transactionnelle et la bioénergie, ainsi que les T-groups.

Il se réclamait psychothérapeute multiréférentiel et intégratif, à la fois en surplomb et engagé.

Engagé, militant de a thérapie, oui, aventureux élargissant les frontières de la psychanalyse vers les thérapies des personnalités limites, es bio-scénarios, la psychothérapie dans sa richesse polysémique reconnue au-delà des diplômes et il avait défini au plus près et au plus exigeant les conditions pour ce titre et cette pratique que nous avons défendue auprès  d’Accoyer avec les résultats que l’on sait. C’est alors qu’il a eu recours à cette évidence, parlant de “relationnel“, le psychothérapeute et le patient se trouvant dans  une approche moins hiérarchisée que ce qui se pratiquait dans des sphères fermées jalouses de leurs références à un Maître. Alors que lui se méfiait ouvertement des illusions de la toute-puissance.

Maître, il l’était avec le sourire, de plain-pied avec tous, y compris ses élèves, et il avait l’art de vous faire sentir intelligent –je reviens sur le mot- à son contact.

C’était un fin clinicien et l’on était tranquille de lui envoyer des patients dont on savait qu’il allait les accompagner non seulement dans une fréquentation enfin réconciliée de soi-même mais aussi dans une ouverture d’esprit qu’il transmettait sur son modèle.

Amateur de bonne chair, amateur d’art –les cimaises de la Nouvelle Faculté de Psychothérapie était régulièrement offertes à des plasticiens de talent-, il était aussi  critique  investiguant sur Cézanne ou sur le Michel-Ange du Tondo Doni.

Je me souviens de son rire, de son appétence de vie. C’était un homme de goût, d’amitié, qui savait boire, manger et rire et parler dans la tradition philosophique des banquets où l’on trinque aussi les esprits.

Jean-Pierre Klein